Le bar de la Tour, épisode 6
Du rire ! Des larmes ! Des coeurs brisés ! C'est l'épisode 6 du Bar de la Tour, et je compte sur toi pour en parler autour de toi bébé
Note de votre tata Riri (c’est moi Riri, c’est la contraction de Marine) : tout d’abord, bienvenue à celles et ceux qui sont ici grâce à la chouette newsletter de Pauline Le Gall. J’espère que Le Bar de la Tour sera à la hauteur de vos attentes. Pour les autres, hey, vous êtes déjà dans la sauce, alors on continue sur l’autoroute de l’amour de vacances. J’espère que vous avez pris votre crème solaire.
Pour le premier épisode du Bar de la Tour, ça se passe ici.
Pour le dernier épisode publié : ça se passe ici.
Je ne me souviens pas comment je suis rentrée chez moi, cette nuit-là. Ma mère a du venir me dire qu’on rentrait et j’ai du flotter pour rejoindre la 406, puis pour arriver à mon lit. Impossible de réfléchir ou de tenir une conversation, les petits potes. Je circulais dorénavant sans permis sur mon petit nuage à moteur, ne faisant plus attention à rien ni personne. La vie était super. Géniale. Romanesque. Intense. Enfin à la hauteur de mes attentes. L’intérieur de ma tête s’était transformée en une cabine de karaoké équipée de stromboscopes où mon cerveau avait enfin viré la raison et la prudence pour s’accaparer le micro et chanter en boucle une seule chanson, celle de Richard Cocciante.
Je ne sais même pas non plus comment j’ai pu trouver le sommeil. À l’époque en plus, mon grenier, qui se trouvait sous les toits était squatté par des écureuils qui, la nuit, semblaient organiser des combats de MMA. Cela faisait un bruit dantesque, mais comme dit précédemment
J’en avais
Rien
A
Foutre.
En fixant mon plafond (et en imaginant un écureuil faire une clé de bras à un autre), je me refaisais la séquence. Nos doigts qui s’entremêlaient, son parfum frais et poivré, ce doux secret qu’on partageait dorénavant et ce gros cave qui s’était mis entre nous, suppôt de satan venu s’asseoir tous mes rêves les plus fous.
Bien sur que je pensais à la suite : comment le dire à mes parents ? MAIS ÇA VA PAS MARINE ? NE JAMAIS LE DIRE À TES PARENTS. Est-ce que ça voulait dire qu’on allait se rouler des pelles prochainement à la piscine ? Devant tout le monde ? J’en serais pas capable. Je n’avais jamais embrassé quelqu’un jusqu’alors. Ça voulait aussi dire qu’on allait coucher ensemble ? WOW WOW WOW MOLLO LA CHARRUE AVANT LES BOEUFS. Mais il avait une copine ! ÇA AURAIT FAIT DE MOI LA MAÎTRESSE ? Ok le titre est classe mais c’est puant. Est-ce qu’il aurait pu se tromper de main ? MAIS PERSONNE NE SE TROMPE DE MAIN !
A côté de moi le réveil continuait à laisser défiler les heures. Les yeux ouverts dans la pénombre la plus pure, je me demandais surtout, sans trouver la réponse,
Qu’est ce que je vais faire demain ?
Au coeur de la nuit, alors que les écureuils fêtaient la victoire de l’un des leurs, j’ai décidé de faire ce que je savais mieux faire : comme si de rien.
Comme si de rien, c’est un mode de vie. C’est savoir des trucs mais pas les dire, c’est être embarrassée mais pas le montrer, c’est tout foutre sous un mouchoir et espérer que les gens concernés fassent de même. Ou pas.
Le matin je ne me suis donc pas réveillée, puisque je ne dormais pas. J’ai mangé mes céréales et j’ai glandé un peu à la maison. J’ai pesé le pour, le contre, j’ai joué aux Sims quelques heures et j’ai décidé d’y retourner en mode relax.
Bonne stratégie hein ? COMME SI C’ÉTAIT POSSIBLE À QUINZE ANS QUAND ON EST COMME MOI D’ÊTRE RELAX SUR N’IMPORTE QUEL SUJET.
J’ai respiré un grand coup, j’ai mis ma plus belle tenue qui devait pas être une belle tenue parce qu’on était l’été 2002 et qu’on était tous fringués comme des culs, et j’ai passé la journée à glandouiller à la piscine et dans le Village-Vacances. Je suis passée voir les ânes (ouais, yavait des ânes, écoutez j’y peux rien si tout était super) et l’un était toujours content de me voir donc c’était super puisqu’il brayait comme un taré. Personne n’a jamais été aussi heureux de me voir, je le sais.
Et puis, vu que la soirée tombait, j’ai respiré un grand coup et je suis allée le rejoindre dans mon spot préféré, le spot où Gaëtan travaillait, le Bar de la Tour. L’ambiance était un peu cheloue je vais pas vous le cacher. Mais bon, comme dirait l’autre, c’était pas pire, et j’ai fait comme si de rien n’était.
Comme moi, peut-être parce que j’étais jeune, peut-être parce que j’étais la fille de ses boss, il a aussi suivi le mouvement et a fait comme si rien. On a repris notre amitié un peu bancale mais sympa là où elle était, avant que nos mains se frôlent devant une émission de merde de télé réalité. Nous avions toujours zéro points communs et pourtant nous étions toujours capables de passer des heures à parler de tout et de rien. De l’avenir, de sa vie dans sa ville, de ce que j’allais faire en première à l’internat, de ce qu’il allait faire lui aussi une fois son diplôme en poche. Jamais de sa meuf non plus hein. Pour elle aussi, on faisait comme de rien.
Abdel nous rejoignait après son service, une fois qu’il arrivait à refiler tous les adolescents aux parents, comme Gwendoline et Elodie, et on parlait de l’été, des gens qui passaient, des potins qui trainaient. Ils rentraient ensuite tous les quatre dans leur villa pendant que j’attendais ma mère qui clôturait tout le Village et s’assurait bien qu’il n’y ait aucun drame en cours.
Il y en avait pourtant un qui se passait sans que je ne m’aperçoive de rien, un de ceux que ma daronne ne pouvait pas prévoir.
Mais bon, de toute façon, un truc aussi gros, qui aurait pu y croire ?
Merci à Eloïse Normand pour sa relecture.
Le Bar de la Tour, c’est le roman-feuilleton de l’été, qui parait tous les lundis sur Concombre. Inscrivez-vous c’est gratos, et forcez vos amis à s’inscrire aussi, comme ça j’ai plein d’abonnés et je peux frimer.
BISOUS À LUNDI !