A l’heure - matinale - où j’écris ces lignes, le soleil perce par la baie vitrée, et mon chien ronfle, installé parfaitement dans l’axe des rayons. Je grignote de grosses myrtilles pendant que quelques oiseaux chantent. Il ne manque plus qu’un morceau de Minnie Ripperton pour me croire dans quelque pub pour un truc pas bon vendu comme la solution ultime pour un petit déjeuner équilibré.
Ça y est, l’équinoxe est arrivé, on y est. C’est le printemps et c’est super. La moindre journée ressemble à une promesse, celle de l’été qui arrive, des jours qui s’allongent et des papillons dans le ventre. C’est beau et presque émouvant, ça donne envie de renifler les roses des étals de fleuriste avant de commencer à chanter son solo de comédie musicale en tourbillonnant sur les boulevards. Mon cul rentrerait dedans, je penserais à m’acheter une robe Rouje chiante avec des motifs floraux et à me balader constamment avec mon panier en osier pour faire style que ma vie consiste à aller au marché, m’attacher négligemment les cheveux et pétrir des trucs.
J’aimerais vous écrire que ma vie se déroule actuellement dans cette joie qui ressemble à celles des personnes qui ont réglé leurs soucis de constipation dans les vitrines de pharmacie.
Il n’en est rien.
Sur ma constipation d’abord (mon système digestif va très bien, vous aviez pas demandé à savoir mais hey, vous vous êtes abonné.e à Concombre, on va en être à ce degré d’intimité), ni sur le bonheur qui m’habite.
Je suis fatiguée. Et en parlant avec mon médecin, je crois pas que ça soit physique. Vraiment, c’est une fatigue mentale totale, une lassitude qui me donne envie de rien foutre, juste de boire des cocktails dans un coquillage sur la terrasse du Pam-Pam (Si vous avez l’occasion de vous rendre à Juan-Les-Pins allez vraiment au Pam-Pam, c’est la meilleure chose qui soit arrivée au monde des bars depuis l’invention de la bière pression).
Mais je m’éloigne de mon sujet. Pourquoi suis-je crevée ? Entre deux siestes, j’y ai bien réfléchi et je crois savoir : je n’ai actuellement aucune vie. Sociale, perso, rien du tout. Je m’écroule à 22 heures chaque jour après le travail en regardant les interviews de gens que je connais pas reçus par Sam Zirah, le spécialiste de la télé-réalité. Le matin, je n’arrive pas à me lever pour aller au sport, et j’ai la flemme de tout. Je regarde l’heure quand je suis au bar pour savoir quand il est décent d’aller me piauter. Je suis devenue un peu une caricature du métro-boulot-dodo, le costard mini-jupe en acrylique et la choucroute permanentée en moins.
J’ai même plus envie d’aller en date et pourrais passer ma journée au lit à regarder des épisodes de Friends que j’ai déjà vu 6 fois.
A QUOI JE JOUE ?
Merde alors. Même Caporal Riri, mon trait de personnalité qui me fout des coups de pied au cul, fait la sieste dans un coin de mon être, crevé de devoir me gueuler dessus quotidiennement.
On va pas se mentir, c’est pas vraiment ce que j’imaginais quand je pensais à ma vie d’adulte à Paris. Ça devait être beaucoup plus sexy que ça. Je devais être spationaute, vivre dans un très grand appartement avec ma copine Claire, me balader en cheval dans Paris et mon amoureux devait être Vincent Perez (c’était avant qu’il prenne la défense de Gérard Depardieu, me jugez pas on était en 1996 et ma mère m’avait laissé regarder Fanfan)
Je dois me sortir de cette routine chiante, sans forcément passer par des mètres de tequila shot et un type nul dans mon lit dont je ne me souviens pas du prénom. Je mérite mieux. On mérite tous mieux. Même le type nul. (Non c’est pas vrai il aurait de la chance d’être dans mon plumard, j’ai un matelas super confortable et de très beaux draps. Et puis yaurait moi aussi dans le lit.) Bref.
Allez, lundi, je me sors de là. Mais avant je fais une petite sieste après cette newsletter et enchainer directement sur Youtube pour entendre parler des types de Frenchie Shore qui racontent leur bilan MST et leur potentielle chlamydia.
Oui, je sais, le printemps mérite mieux.
Comme moi.