Ce matin-là
Dimanche 11h23 : les collègues de bureau et mes tatas, si vous lisez ce nouveau numéro de Concombre faites comme si c'était pas le cas.
Cette semaine a été un peu agitée pour le petit coeur déjà endommagé de Marine Normand. Oui, on a décidé de parler de soi à la troisième personne ici, ça arrive quand on essaie de s’écarter de toute la merde dans laquelle on a pu se mettre il y a quelques années.
Un exemple de catastrophe sentimentale ? Le type que j’ai daté qui était un arnaqueur par exemple, et qui a déjà été la star d’un précédent numéro de Concombre : un podcast sur lui est d’ailleurs sorti que j’ai terminé d’écouter samedi (et je vous conseille les deux premiers épisodes, les deux suivants sortent à l’heure où je vous parle, j’ai hâte de les écouter et d’ensuite acheter une ceinture de chasteté branchée à un taser : VADE RETRO LES CASSOS).
La même journée, un autre désastre m’a sauté au visage, alors que j’avais à peine terminé d’écouter Loveur Voleur. Je vous remets le contexte. Figurez-vous qu’il y a quelques années, une fille que je ne connaissais pas était tombé dans mes DMS sur instagram pour me raconter qu’un ex petit ami qui était devenu le sien, avait craché sur toutes les filles qui avait croisé sa route. Encore une belle personne. Elle avait accompagné sa tirade, qui m’avait déjà pas mal choqué, d’une capture écran des messages odieux qu’il lui avait envoyé. Je n’avais pas su quoi répondre, à l’époque. Je ne sais toujours pas aujourd’hui. J’ai découvert ce samedi que nous avions une connaissance commune (je venais juste de lui raconter en plus l’histoire avec le type du podcast), et qu’elle avait déjà vu mon nom dans les stories de cette dernière. Bordel.
Mon passé amoureux n’est pas un tableau de chasse. C’est un champ de ruines. C’est un site d’Urbex. C’est le Klub des Loosers.
Le passé se pointe donc, comme le printemps, de tous les côtés, et c’est une catastrophe. Comment j’ai pu me retrouver avec tous ces types ? Ai-je la forme d’un appeau à blaireau ?
Je regarde tout ça derrière moi comme je regardais en 2002 en région PACA mon visage dans le miroir de Jacques Dessange après avoir dit à Chantal, ma coiffeuse, qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Ça finissait évidemment avec les cheveux plaqués devant, des mèches blondes et asymétriques avec un effet ébouriffé derrière pour une somme qui avoisinait les 150 euros.
Allez, dites-le moi,
C’est quoi ce délire ?
Mais qu’est ce qui m’a pris ?
Est-ce que je vais me remettre de tout ça ?
Pas sure. Je viens de recréer un profil sur les applis et un type qui a choisi comme surnom DSK vient de me liker. Les hommes, vraiment, expliquez-moi. Je comprends rien à ce que vous faites.
Forte de ce constat éclaté au sol, je suis donc partie à la recherche de beaux souvenirs. Pour tenir le coup, que dire que ce qui est passé est passé, que tout n’était pas digne d’un mauvais téléfilm de M6 pour les Jeudis de l’Angoisse, que je trouverais peut-être un jour quelqu’un de bien. Pour enlever le goût de vomi dans ma bouche aussi.
Ma première relation avec un vrai gentil qui m’a même écrit des chansons, le plan cul mais qui est devenu un super copain, et puis surtout, ce matin-là. Du coup j’en ai fait un poème. C’est cucul hein ? Bah c’est comme ça. Je le colle ici. J’espère qu’il vous plaira. Ça s’écoute avec le morceau éponyme d’Air. Oui nous sommes dans une expérience son et lumière, avouez le vous trouvez ça déjà super.
Quand le printemps, avec l’aide du soleil, tambourine à la baie vitrée et me réveille dans de beaux draps,
(une jolie parure verte avec des tournesols acheté chez Urban Outfitters qui m’a couté un bras)
Mon coeur prend un coup de bourre et mon esprit se lance sans tristesse
Mais avec une nostalgie qui me bouleverse
Vers ce matin-là.
Les rideaux du souvenir s’ouvrent en contrejour sur les courbes de tes épaules.
Ce sont les monts et collines auxquels je suis restée accrochée lors de longues nuits blanches.
Des paysages grandioses sur lesquels glissent inlassablement mes doigts, tandis que tout d’un coup surgissent
Ton sourire et puis juste ensuite, le son de ta voix.
Ce sont eux deux qui sont restés comme lovés dans ma tête,
apparaissant au moindre rayon de soleil, depuis ce matin-là.
Nous sommes à l’époque à la fin de l’hiver, mais il ne fait pas froid
En tout cas pour ma petite personne abrutie par ta bouche,
ce n’est pas le cas
Blottie contre ton corps chaud, comme si il n’y avait
Que toi,
J’imprime l'odeur douce et musquée de ta peau
pour oublier le bruit prochain de tes pas.
La musique passe, smooth, et tu reconnais chacun des titres
Qui m’ont aussi traversée,
Et, pendant que je fais le café,
nous composons ensemble la playlist de cette jolie matinée.
Curtis Mayfield, Childish Gambino, Roy Ayers, et puis Steve Lacy, j’hésite toujours à passer Air alors je ne le ferais pas aujourd’hui,
Le chien ronfle en arrière plan
En se demandant surement
Quand est-ce que tu te casses
Qu’on se retrouve entre Normand
Moi je ne le souhaite pas.
Moi, tout ce que je veux,
C’est rester doucement dans tes bras,
lors de ce matinée où je vais me demander si peut-être
Tu reviendras.
Allez, je vous fais de gros Bisous. Passez une bonne semaine.